Licencier des fonctionnaires deviendrait possible.

Cela m'a fait l'effet d'une bombe cette annonce, trop occupé en ce début de semaine, c'est en lisant le billet de CC que j'ai pris connaissance d'un projet du gouvernement d'utiliser les principes d'une loi sur la mobilité des fonctionnaires, votée l'été dernier, pour aujourd'hui aller plus loin, jusqu'au licenciement.

Après les suppressions de postes pour non-remplacement des départs à la retraite, il y a forcément des problèmes d'organisation dans nos services publics. Une année, on ferme une classe, on supprime des personnels, on fait des économies de fonctionnement dans les équipes de travail et finalement l'année suivante cela créé des dysfonctionnements. C'est vérifiable au sein des écoles, des administrations, aux pôles emploi, à la Poste, etc... Et cela nous amène naturellement à cette logique typiquement de droite, qu'après avoir mutualisé les moyens (c'est une expression qu'ils aiment), il faut maintenant disposer de ces moyens au mieux.

Et il est d'ailleurs hallucinant de constater dans l'analyse d'un Eric Woerth qu'il assume totalement cela. Il dit trouver "profondément normal" de mettre en disponibilité un fonctionnaire après trois refus de postes. Ce qui, pour lui, donnerait la preuve, qu'au fond, « il n'a plus envie de travailler dans l'administration » et qu'il n'y a plus alors « de raison » de continuer à le payer.
Incroyable non ? La motivation serait le seul motif de raison à la mobilité. Jamais ces gens n'admettront qu'il est difficile pour toute personne d'envisager une mobilité géographique simplement parce qu'ils ont des enfants, parce qu'ils ont acheté une maison, simplement parce qu'ils ont une vie en dehors de leur activité professionnelle et que c'est bien normal !!

Comment peuvent-ils assumer une telle déshumanisation de leurs politiques ? Je trouve cela simplement lamentable.

Il faut croire qu'il sera temps quand un gouvernement sera plus respectueux des salariés de la fonction publique, de renouer avec un vrai projet pour l'éducation nationale et les services publiques...

Commentaires

  1. Je dois avouer que je suis partagé. Il faut bien sûr lutter contre les abus d'un tel dispositif mais bossant moi-même avec des fonctionnaires, je suis ulcéré par leur incapacité à "changer de métier" en fonction des évolutions de la société.

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  2. Oui je crois aussi qu'il faut accepter d'éventuelles orientations de carrière, mais la mobilité géographique ne devrait pas être imposée, ou en tout cas très encadrée et très bien indemnisée.

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  3. Oui, il faut encadrer et indemniser mais il faut que les fonctionnaires admettent qu'ils peuvent changer de métier dans une vie !

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  4. Oui, enfin après ça dépend quels métiers...

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  5. Oui, ça dépend. On ne peut pas tout tolérer.

    Dans ma boite (propriété de l'état), il y a des gugusses qui ont été embauchés pour les "moyens généraux" métier qui consistait, dans le temps, principalement à la distribution du courrier interne. Le courrier interne a disparu avec la montée en charge des mails. Il y a donc 4 gugusses (sur 450) à plein temps qui ont pour seul travail d'alimenter en gobelets les fontaines à eau et d'accompagner les sociétés de maintenance dans les différents bureaux...

    Par contre, on est obligés de faire appel à une boite de maintenance pour changer une ampoule et d'aller nous même chercher du papier pour nos imprimantes...

    J'ai des collègues, informaticiens de la vieille époque, qui pondent des statistiques sur gros systèmes en trois jours tous les débuts de mois. Je leur ai montré comment les faire (en mieux, avec des jolis graphiques) en une petite demi-journée, avec Excel

    D'un autre côté, ça me laisse du temps pour bloguer.

    Je vais t'en dire plus dans le prochain commentaire mais je compte sur toi pour le virer après lecture.

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  6. Nicolas,

    Je n'ai pas pu te répondre avant, beaucoup d'appels téléphoniques en même temps...

    Nous sommes d'accord et tu n'as vraiment pas à te justifier tant il y a des métiers où il peut y avoir de l'intérêt pour les salariés eux mêmes de se réorienter professionnellement.

    Le problème avec ce projet de loi, c'est qu'on inscrirait la possibilité de se séparer d'un salarié qui refuserait trois mutations. Ce n'est pas acceptable, il faut intéresser le salarié à un vrai projet professionnel et non pas disposer de lui en fonction des politiques gouvernementales, de ses manquements.

    Il y a même une question d'impartialité de l'état, si le fonctionnaire est "corvéable à merci, si demain il peut être licencié", "comment pourra-t-il s'opposer à des actes éventuellement délictueux de son employeur public ?", s'est demandé un délégué CGT, en prenant l'exemple d'un maire qui voudrait «favoriser une association, en dépit du bon sens».

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  7. On est d'accord sur les garde fous nécessaires !

    Et l'exemple de ton délégué CGT n'est pas très bon : un salarié n'a pas à s'opposer à une décision d'un élu (mais il peut le dénoncer à l'opposition).

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  8. L'exemple me parait bon pourtant car ça laisse la possibilité à un employeur qu'il soit élu ou pas, de se séparer d'un fonctionnaire qui ne plait pas. On parle bien d'une dérive, d'une mauvaise interprétation de la loi, si elle était votée...

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  9. Pour les profs, c'est une connerie. Pour les autres professions de la fonction publique, je ne sais pas. Ce qui fait peur, c'est évidemment les travers que ça engendrera. On pourra virer des gens : proposer des mutations lointaines à des gens qui sont installés dans une région, qui ont des enfants, une maison, un conjoint qui bosse dans le même coin, c'est forcément s'opposer à des refus. Je crains par exemple que, comme dans le privé, on en profite pour faire le ménage parmi les profs d'une cinquantaine d'années qui commencent à coûter cher et qui jamais ne partiront à l'autre bout de la France.

    Parce que pour les profs, il n'est pas question de reconversion...Quand on est prof, on est prof...Après, un prof de musique peut toujours devenir prof de maths, remarquez...Mais j'espère bien que les parents se révolteront, quand même...

    CC

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    1. C'est bien connu, les profs sont des débiles monotâches... ce qu'on peut pas lire !

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  10. @ CC,

    Tes craintes sont fondées, surtout pour les métiers de l'éducation, où il est difficile d'envisager une réorientation ; et comme je l'ai déjà laissé entendre, il ne faudrait pas que cela soit un moyen de plus de se débarrasser des fonctionnaires les plus "gênants". Bref, il faut dénoncer tout cela pour obtenir des garanties et donc nous battre ! Courage, nous sommes solidaires.

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  11. à CC : "Pour les profs, c'est une connerie. Pour les autres professions de la fonction publique, je ne sais pas."
    merci pour les autres...

    En tous cas si le licenciement devient possible il va falloir songer aux indemnités chômage...

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  12. @Polluxe : je ne veux pas parler de ce que je connais mal, mais comme Nicolas avait l'air de dire que ce n'était pas idiot...

    Pour les indemnités chômage, c'est une évidence : ne pas en prévoir, c'est une connerie pour tout le monde. Mais comme nous ne sommes que des privilégiés, c'est bien fait pour notre tronche, non ?

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  13. Je suis fonctionnaire dans la fonction publique territoriale. Je voudrais changer d'affectation, ou obtenir une mutation et je ne le peux pas. Pourquoi? Je suis enseignante dans un conservatoire de musique, ma discipline est hyper-spécialisée, tout comme celle de mes collègues.
    Il n'y aura plus de création de poste dans ma communauté d'agglo, les finances sont à plat. Notre établissement, pour la 1ère année depuis 10 ans, ne prendra pas de nouveaux élèves puisque le volume horaire ne sera pas augmenté. Mon directeur ne sait pas manager son équipe pédagogique, nos relations avec lui se sont dégradées au point que sur 36 enseignants, les 2/3 souhaiteraient trouver un poste ailleurs. Hélas nos mutations ne peuvent s'effectuer que si nous postulons à un endroit précis où un poste est déclaré vacant. Le recrutement se fait sur entretien. Il peut se présenter 20 candidats pour un poste. Et comme il n'y a plus de nouveaux postes sur le marché actuellement, nous sommes donc de fait condamnés à l'immobilité, pris entre le marteau et l'enclume. Aucune reconversion n'est possible dans l'administration, nous n'en avons pas les compétences et ne pouvons les acquérir, et pourtant nos diplômes sont équivalents à bac+3/bac+5.
    Par ailleurs, nous avons été traités de privilégiés par notre employeur car nous avons émis le souhait de pouvoir faire cours jusqu'à 22h comme dans beaucoup d'autres établissements -nous commençons en effet au mieux vers 15h30 -les cours collectifs commencent à 17h. Or le notre ferme à 20h45 tous les jours, et le lundi va l'être complètement, pour des raisons inextricables de manque de personnel assurant la sécurité à l'entrée -il faudrait en effet engager une personne supplémentaire et l'agglo s'y refuse par manque de moyens.
    Aucun professeur n'est donc actuellement en mesure d'effectuer son temps plein sur son lieu de travail. Certains d'entre nous se déplacent donc chez les élèves, ce qui est formellement interdit par la loi. Pour les cours collectifs, ce qui nous attend en septembre 2010, c'est une semaine de 6 jours. Si nous ne sommes pas d'accord, notre volume horaire hebdomadaire de cours pourrait donc commencer à être revu à la baisse très rapidement.
    La plupart des profs de l'établissement n'habitent pas la région -nous sommes des profs TGV depuis déjà belle lurette.
    Pendant ce temps-là, une loi est en marche qui nous promet enfin ce qui nous a toujours été refusé: le cumul. Mais comment cumuler dans d'autres établissements chez d'autres employeurs si nous sommes pris tous les soirs pour assurer en un seul endroit ce qui n'est même plus un temps complet?
    Tout cela se mord la queue, les élèves en patissent, le service public n'étant pas en mesure d'assurer une offre à une demande pourtant croissante depuis 10 ans.
    L'administration de l'agglo se réfugie derrière les réglements, la loi, et la baisse des moyens financiers, tout en exigeant de nous qu'à la prochaine inspection nous conservions notre label prestigieux(chaque établissement appartient à une catégorie bien précise).
    Cette année, 9 d'entre nous se sont retouvés en arrêt maladie pour épuisement, ne peuvent plus assurer ni leurs cours, ni leurs concerts.
    Actuellement, nous estimons qu'un prof de l'éducation nationale s'en sortira mille fois mieux que nous. Je rêverais en effet de pouvoir enseigner une matière qui n'est pas la mienne, même si je ne suis pas compétente, pour pouvoir simplement conserver un emploi à temps complet et en un seul lieu, fut-il à l'autre bout de la France.
    Qu'en pensez-vous?

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  14. Ce qui m'apparait déjà comme étant le premier problème dans votre affaire, et vous le dites vous même, c'est que le directeur de cette école ne sait pas manager son équipe.
    Si sur 36 enseignants, les 2/3 souhaitent vraiment trouver un poste ailleurs, c'est qu'il y a un sérieux problème avec ce directeur.

    Je crois que la mobilité subie ou volontaire n'est qu'une polémique, puisque le vrai problème est le manque de disponibilité de postes dans la région où l'on souhaiterait travailler. Ce problème est assez particulier à la fonction publique, puisqu'il est forcément compliqué de gérer un volume de salariés aussi important.

    Il ne faudrait pas vous imaginer que ce gouvernement répond à vos attentes. Bien au contraire, la suppression des moyens, 40 000 postes en moins, les collectivités territoriale en manque de financement, les régions asphyxiées sont le résultat de leurs politiques.
    Il y a un certain manque de considération dans tout cela et l'absence de projet et de perspective ne permettent pas de s'y retrouver.

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